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Publié le par pepitomicorazon

Le théâtre est une vocation. Que dis-je ? Un sacerdoce !


        Cloitrés dans leurs salles obscures de jour pour répéter et de nuit pour jouer, les comédiens se battent pour garder la foi.

Plusieurs démons viennent régulièrement détourner les pieux saltimbanques du droit chemin en leur donnant l'illusion que leur lutte est vaine : la peur de la solitude, la honte, les doutes et toute une horde de beaufs de Belzébuth.

Depuis quelques mois je me suis moi-même joint à une communauté partie en croisade dramatique. L'aventure proposée par notre Godefroid de Bouillon a pour objectif de libérer le tombeau de la bonne humeur à base d'un texte absurde parodiant la psychanalyse freudienne. Petit rappel de barème : Sigmund, c'est du 100% sexuel et la synopsis présente : « Une mère lunatique prise aux pièges d'une relation incestueuse avec son fils qui se voit obligée de jongler avec un mari naïf, un grand père grincheux, un amant italien, un psy trans-lesbienne et sa fille au bord du gouffre.»

 


La matière première abonde mais malgré notre enthousiasme, les routes du Paradis se transforment peu à peu en Chemin de Croix. Pour certaines personnes issues de la Vox Populix Publicum, cet humour pas très catholique n'est pas Byzance et en moins de 2 représentations, un ersatz de tribunal de l'Inquisition s'est emparé de l'œuvre pour la mettre à l'index.

 

Votre serviteur s'est alors mis au travail afin d'éclaircir le mystère. Dans un monologue déclamant la prose suivante : « La peur refoulée de Jeanne pour le pot-au-feu, qui se manifestait par son refus d'accepter son propre nom, a provoqué chez elle un désordre dans ses régions libidineuses. », la partie plaignante ordonna de censurer l'expression régions libidineuses et de la remplacer par neurones.

Or, les régions libidineuses sont des zones qui provoquent les plaisirs sexuels et les neurones des cellules différenciées des centres nerveux présentant des prolongements.

 

D'accord, de prime abord les « problèmes » du personnage protagoniste sont d'ordre mental : troubles de la mémoire, hallucinations, schizophrénie et délires paranoïaques.

À un moment, d'ailleurs, elle hurlera « Est-ce que je suis normale ? » alors que si elle avait révisé ses notes de psychanalyse moderne elle aurait pu crier : « Est-ce que je suis frigide ? ».

Victimes d'un lapsus, né d'une piètre culture anatomique peut-être, certains censeurs ont dû confondre les régions libidineuses avec les zones érogènes qui concrètement font allusion aux verges, vulve, clitoris et autres testicules.

 

Cependant et après relecture de la pièce dans son intégralité, je recense d'autres termes délicats qui ne font pourtant preuve d'aucune polémique:

 

Vieux débris :                         1 fois

Mort, morte ou mourir:           9 fois

Suicide :                                 8 fois

Sexe :                                     4 fois

Nue :                                      6 fois

Faire l'amour :                         1 fois

Lesbienne :                              1 fois

Vaginale :                                 1 fois

Clitoridienne :                           1 fois

Banane :                                   9 fois

Chatte :                                    4 fois


Dois-je conclure qu'il faut éliminer tout ce qui est tendancieux ? « Non mais il faudrait alléger le ton. » entendis-je.

Préférant les initiatives actives aux positions stagnantes voire rétrogrades, je proposai une Nouvelle Formule Allégée du spectacle dans lequel tout y serait beau et tout y serait joli.

Une comédie 0% Humour Gras dont je vous livre l'affiche en exclusivité.

 













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